mercredi 2 février 2011

Pour toi.

Le rayon de soleil caresse sa joue. De sa bouche à demi ouverte il a l'air de le goûter. Le temps s'est arrêté, il a une immobilité surnaturelle. Il est plaisir. Chaque pore de sa peau profite du moment. Il ne fait rien. Il est, et c'est suffisamment important pour qu'il s'y consacre tout entier.

Il est sa peau qui sent la douce chaleur, il est son oeil, lointain, qui capte en flouté le jeu du clair-obscur. C'est très intéressant. C'est très nécessaire. C'est très agréable. Pourquoi irait-il s'embêter avec les jeux étranges des autres ? Ils sont si loin, ces autres, ils gravitent autour de lui, n'arrêtent pas de bouger, d'une drôle de manière, égrainent sans arrêt des mots sans suite. Ils sont étranges, vains, et un peu effrayants.

Lui, il est occupé. C'est tellement passionnant de sentir, de ressentir. Chaud, froid, doux, rugueux, la peau est un trésor qui révèle mille merveilles. Et regarder ! Les jeux de lumière sur les objets, les doigts qui dansent devant les yeux. Sa tête, son corps, tout ça ne fait qu'un, tout est ensemble occupé à ressentir.

Il vit dans un drôle de monde, qui ne comprend rien. Alors pour se rassurer, pour ne pas disparaître, pour avoir moins peur, il s'est inventé des formules magiques, des rituels et des gestes secrets, et de belles habitudes bien carrées qui évitent de se sentir complètement perdu, terrifié au milieu de l'inconnu.

Il marche toujours sur la corde raide. Au milieu il est bien. Heureux. Mais il risque toujours de trébucher, des deux côtés dans le rien, qui aspire et dévore. Pourtant il n'a pas si peur que ça. Parce que maintenant, il sait.
Il y a près de lui, toujours juste assez près, une main qui le porte, qui le touche avec amour, qui le sauve. Une main tendue entre lui et le monde, entre lui et les ténèbres, entre lui et lui.
A cette main est accroché un regard. Un regard plein d'amour qui lui dit qu'il est, qu'il mérite le bonheur. Un regard si puissant qu'il lui donne envie, parfois, de sortir du cocon qu'il a tissé autour de lui, et d'aller un peu vers les autres, vers les apprentissages, vers lui-même.

Alors dans son regard à lui le vide se remplit. Ses yeux s'éclairent, entraînent sur son visage un sourire qui vient du creux de lui. Alors il rit, il chante, il dit, dans ses mots secrets qui n'appartiennent qu'à lui, qu'il a une place, la meilleure, dans ce monde si peu fait pour lui.

3 commentaires:

  1. Merci pour ce tres beau texte... chaque mot est tellement vrai, tant pour la poesie de cet enfant que pour la main qui le protege... ils me sont tres precieux l'un et l'autre, et je suis tres emue.

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  2. Merci, ça me touche beaucoup, vraiment...

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  3. Chris, je viens de le relire au fil de mes flâneries sur facebook, et je suis toujours aussi touchée ; je t'embrasse tendrement

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